Anachronismes et autres libertés... assumés

Chez Terres d'Histoire, nous cherchons à raconter le passé avec passion et émotion. Cependant, nous assumons pleinement que notre spectacle n'est pas une reproduction stricte de l'Histoire. Les anachronismes, notamment dans les costumes, ne sont pas des erreurs, mais des choix artistiques ou pratiques délibérés. 

Les costumes : entre authenticité et contraintes pratiques

Avec près de 2000 costumes nécessaires pour représenter 6 périodes historiques différentes, les costumes constituent un défi colossal. Reproduire fidèlement chaque tenue en utilisant des étoffes et des techniques historiques serait irréalisable, tant pour des raisons de budget que de logistique.

Acte de la révolution Française - Terres d'Histoire 2024 (Crédit photo : FLR Photographie)
Acte de la révolution Française - Terres d'Histoire 2024 (Crédit photo : FLR Photographie)

Nos choix sont donc dictés par :

  • Des matériaux modernes : Nous utilisons des tissus contemporains qui imitent l'apparence des étoffes historiques (lin synthétique, brocarts modernes, etc.). Ces choix permettent de concilier esthétique et coût raisonnable.
  • Des adaptations pour le confort des acteurs : Les costumes historiques, souvent lourds et rigides, sont repensés pour faciliter les mouvements, notamment dans les scènes de danse ou de combat.
  • Une cohérence visuelle globale : Les couleurs, les styles et les textures sont parfois simplifiés ou accentués pour être mieux perçus par le public, notamment de loin.

Ces choix permettent de respecter l'esprit des périodes historiques représentées tout en rendant le spectacle accessible à un large public. 

Les chorégraphies de danse : entre reconstitution et modernité

Les danses présentées dans Terres d'Histoire sont le fruit d'un travail mêlant recherche historique et adaptation artistique. Si certaines chorégraphies s'inspirent des descriptions ou illustrations d'époque, d'autres comportent des anachronismes assumés, notamment pour les périodes les plus anciennes où les sources fiables font défaut.

Charleston - son et lumière Terres d'Histoire (Crédit photo : FLR Photographie)
Charleston - son et lumière Terres d'Histoire (Crédit photo : FLR Photographie)

Pourquoi ces adaptations ?

  1. Un manque de sources précises pour les danses anciennes :
    Les danses médiévales, par exemple, sont souvent mal documentées. Les mouvements et pas précis ont rarement été transcrits, ce qui nous pousse à imaginer des chorégraphies basées sur les rares témoignages disponibles, mais aussi sur notre créativité.

  2. Rendre les danses accessibles au public :
    Les danses d'époque, parfois très simples ou répétitives, sont souvent enrichies pour captiver l'audience et mieux correspondre au rythme du spectacle.

  3. Adapter pour les bénévoles :
    Nos danseurs sont souvent des passionnés qui apprennent les chorégraphies en peu de temps. Nous simplifions certains pas complexes tout en gardant l'essence des styles historiques.

Des choix guidés par l'esthétique et l'émotion

Dans les périodes les plus anciennes, les danses sont recréées pour évoquer l'esprit festif ou solennel de l'époque. Nous jouons sur :

  • Les formations de groupe : pour refléter les figures collectives des danses médiévales.
  • Les gestes stylisés : souvent inspirés d'iconographies ou de traditions populaires.
  • Un rythme adapté : pour correspondre à la musique plus moderne ou réinterprétée qui accompagne ces scènes.

Ces chorégraphies, bien que parfois éloignées des pratiques originales, conservent leur rôle central : transporter le spectateur dans une autre époque et renforcer l'émotion des tableaux vivants.

Les Vikings : des épées enflammées à des héroïnes audacieuses

Dans l'acte consacré aux Vikings, certains éléments peuvent surprendre les puristes de l'Histoire. Ces anachronismes assumés ont été intégrés pour enrichir l'expérience visuelle et émotionnelle :

Si cette arme spectaculaire est peu probable historiquement, elle symbolise le caractère brutal et impressionnant des affrontements de l'époque. Ce choix, purement scénique, vise à captiver le public et à rendre les combats plus dynamiques.
En faisant d'Aliénor une femme forte qui ordonne aux Vikings de quitter les terres bretonnes, nous mettons en lumière un personnage féminin audacieux. Bien qu'un tel rôle stratégique pour une femme soit peu réaliste pour l'époque, il reflète des valeurs modernes d'égalité et de courage.

Scène des lavandières - Terres d'Histoire 2024 (Crédit photo : FLR Photographie)
Scène des lavandières - Terres d'Histoire 2024 (Crédit photo : FLR Photographie)

Dans l'acte consacré aux Vikings, certains éléments peuvent surprendre les puristes de l'Histoire. Ces anachronismes assumés ont été intégrés pour enrichir l'expérience visuelle et émotionnelle :

  • L'épée enflammée :

Si cette arme spectaculaire est peu probable historiquement, elle symbolise le caractère brutal et impressionnant des affrontements de l'époque. Ce choix, purement scénique, vise à captiver le public et à rendre les combats plus dynamiques.

  • Le rôle d'Aliénor :

En faisant d'Aliénor une femme forte qui ordonne aux Vikings de quitter les terres bretonnes, nous mettons en lumière un personnage féminin audacieux. Bien qu'un tel rôle stratégique pour une femme soit peu réaliste pour l'époque, il reflète des valeurs modernes d'égalité et de courage.

Ces libertés artistiques permettent de raconter une histoire vibrante, tout en évoquant les tensions réelles entre Vikings et Bretons.

Anne de Bretagne 

L'acte explore la vie d'Anne de Bretagne et la montée des tensions religieuses entre catholiques et protestants. Certains anachronismes sont intégrés pour des raisons artistiques ou pédagogiques :

  1. La danse "andro" introduite à Hennebont :

    • L'andro est présenté comme une "nouvelle danse du pays de Vannes". Cependant, cette danse populaire bretonne est plutôt associée aux traditions du XIXe siècle qu'au XVe siècle d'Anne de Bretagne.
    • Pourquoi ce choix ? : Intégrer une danse bretonne connue permet d'ancrer l'acte dans une culture régionale reconnaissable et accessible pour le public, tout en valorisant le patrimoine local.
  2. Les relations entre Anne de Bretagne et ses sujets :

    • Le dialogue entre Anne et les villageois est scénarisé pour refléter une proximité affective entre la duchesse et son peuple, ce qui n'est pas nécessairement attesté historiquement.
    • Pourquoi ce choix ? : Cela humanise la duchesse et renforce son image de protectrice de la Bretagne, un message clé du spectacle.

Les Huguenots et les guerres de religion

Cet acte illustre les tensions religieuses et sociales en Bretagne au XVIe siècle, avec des choix scénaristiques qui prennent des libertés historiques.

  1. Le rôle de Gislain :

    • Gislain, fils d'un catholique breton, se déclare Huguenot et débat ouvertement des thèses de Luther, bien qu'il soit présenté comme illettré.
    • Pourquoi ce choix ? : Cela permet de symboliser le conflit générationnel et l'impact des idées réformistes même sur les classes populaires. Ce personnage incarne la fracture sociale et religieuse de l'époque.
  2. La destruction de l'église par les Huguenots :

    • La mise en scène montre les Huguenots incendier une église au Châtellier, un acte dramatique qui généralise les violences protestantes.
    • Pourquoi ce choix ? : Bien que basé sur des événements réels, cet élément est amplifié pour marquer visuellement la brutalité des conflits et toucher émotionnellement le public.
  3. L'interprétation de l'édit de Nantes :

    • Henri IV annonce solennellement l'édit de Nantes en déclarant "Catholiques et Huguenots, vous êtes mon peuple", simplifiant son contenu.
    • Pourquoi ce choix ? : La simplification rend l'édit et son impact facilement compréhensibles pour un large public, tout en soulignant son importance historique.

Les Bonnets rouges : un rêve au cœur de la révolte

L'acte consacré aux Bonnets rouges mêle réalité historique et narration onirique, créant un tableau saisissant de la révolte paysanne de 1675 contre les taxes imposées par Louis XIV. Ce mélange d'Histoire et de rêve permet d'explorer les émotions des personnages tout en offrant une mise en scène visuellement marquante.

Scène du travail du lin - Terres d'Histoire 2024 (Crédit photo : FLR Photographie)
Scène du travail du lin - Terres d'Histoire 2024 (Crédit photo : FLR Photographie)

1. Un rêve au cœur du combat :

Pendant la deuxième partie du combat entre les villageois et les dragons du roi, l'histoire bascule dans un rêve vécu par Antoinette. Ce passage onirique inclut :

  • La Galerie des Glaces de Versailles, qui apparaît soudainement comme une vision symbolisant le pouvoir oppressant de Louis XIV. Ce décor, anachronique dans le contexte des Bonnets rouges, illustre le contraste entre le luxe de la cour royale et les conditions de vie des paysans bretons.
  • La danse des nobles, une scène élégante et fastueuse, reflète l'écart immense entre la vie des courtisans et celle des révoltés. Cette scène onirique amplifie la tension entre injustice sociale et aspirations d'Antoinette à un monde plus juste et harmonieux.

2. Un choix narratif et artistique :

Ce rêve permet d'ajouter une dimension émotionnelle et poétique à l'acte. Il illustre les aspirations des personnages, tout en accentuant les contrastes entre les réalités des différentes classes sociales de l'époque.

Ce mélange d'Histoire et d'imaginaire enrichit la narration, offrant une interprétation à la fois accessible et spectaculaire des tensions sociales de 1675.

L'électricité à Châteaulin

L'arrivée de l'électricité en 1887 est un moment clé, enrichi de touches humoristiques et symboliques.

  1. La "fée électricité" et les explosions :

    • Le terme "fée électricité" et les scènes exagérant les explosions et accidents électriques ajoutent un aspect comique et dramatique à un moment historique.
    • Pourquoi ce choix ? : Cela illustre les résistances au progrès et l'émerveillement face à une révolution technologique. L'humour rend cette scène plus légère et engageante.
  2. La réticence de Raymonde :

    • Raymonde refuse le raccordement électrique et s'accroche à ses lampes à pétrole, ce qui reflète une caricature des peurs face aux nouvelles technologies.
    • Pourquoi ce choix ? : Ce personnage incarne les résistances au changement tout en créant un contraste humoristique avec l'enthousiasme des autres personnages.
  3. Dialogue et perception modernes :

    • Les dialogues incluent des expressions contemporaines pour décrire l'électricité et son impact, ce qui est anachronique pour l'époque.
    • Pourquoi ce choix ? : Ces expressions permettent de rendre la scène plus accessible et relatable pour le public moderne.

Les années folles : entre guerre et Charleston

    L'acte qui traverse les années folles inclut des choix artistiques permettant de lier deux périodes historiques, bien qu'elles ne soient pas strictement contemporaines :

    • Le Charleston :

    Popularisé en Europe dans les années 1920, le Charleston n'est pas directement lié aux soldats américains de la Première Guerre mondiale. Pourtant, son évocation permet de symboliser l'influence culturelle américaine et l'esprit de fête qui a marqué l'entre-deux-guerres.
Danse Charleston - Terres d'Histoire 2024 (Crédit photo : FLR Photographie)
Danse Charleston - Terres d'Histoire 2024 (Crédit photo : FLR Photographie)

  • L'optimisme après-guerre :

Bien que l'euphorie des années folles ait réellement existé, elle n'était pas universelle. En insistant sur des personnages joyeux et rêveurs, nous simplifions la réalité pour transmettre un message de résilience et d'espoir

Ces choix reflètent notre volonté d'allier émotion, spectacle et enseignement, tout en proposant des tableaux accessibles et spectaculaires.